Hypersensibilité - Parce que parfois on ressent plus fort que les autres

Si je vous dis hypersensibilité, vous pensez à quoi? Un enfant qui pleure tout le temps, qui chigne pour un oui pour un non, un enfant dont la lèvre tremble en permanence?

Si maintenant je vous dis hypersensibilité sensorielle, ça vous dit quelque chose?

Selon le site de TDAH Belgique (http://www.tdah.be/tdah/tdah/troubles-associes/hypersensibilite), l’hypersensibilité se définit comme suit : L’hypersensibilité représente une sensibilité plus forte que la moyenne aux impressions et aux stimuli du monde extérieur, qui conduit à une amplification des ressentis et de leurs conséquences. L’hypersensibilité n’est pas un trouble mais un trait de caractère qui se retrouverait chez 10 à 20% de la population et bien plus encore chez les personnes atteintes de TDAH et cela quel que soit leur âge. Les stimuli et autres impressions du quotidien pénètrent les hypersensibles pour ainsi dire de manière non filtrée. Ils sont dont plus facilement « surexcités », ce qui induit de fortes réactions émotionnelles, parfois épuisantes pour le sujet et son entourage.

Bon c’est bien beau tout cela, mais au quotidien, ça se traduit comment?

L’hypersensibilité sensorielle, chez-nous est à la fois tactile, physique, auditive et gustative. Ce que ça signifie? C’est que notre spécial du chef est ennuyé par les textures rugueuses, les coutures trop apparentes (facile à sentir) d’un vêtement, par la sensation de toucher (oui parfois lorsqu’on a envie de lui faire un câlin il recule et refuse, disant que ça va faire mal). Certains jours, les sons, les bruits, même le ronflement du frigo le gênent au point qu’il se « cloître » au sous-sol pour y trouver solitude et quiétude. Cela signifie également que certains aliments sont parfois mis à l’index, qu’au lieu de prôner le fameux « tu dois l’essayer 21 fois avant de t’y habituer », on baisse les bras plus rapidement, en se disant que soit ça passera, soit il ne s’y fera jamais. Dans les aliments mis à l’index, nous trouvons tout ce qui est gélatineux (quoi qu’il apprivoise lentement le Jell-O), les crevettes, le concombre (oui, il ne mange plus de concombre, à cause des pépins qui font comme du sable dans la bouche) et une litanie d’autres aliments, soit à l’index de façon permanente, soit de façon aléatoire (un jour ça passe, l’autre pas).

Parce que l’hypersensibilité sensorielle, ce n’est pas toujours égal, ça varie d’un jour à l’autre, c’est changeant, parfois avec l’humeur du fils, parfois avec la température, parfois juste parce que bon! Mais ce qui est certain, c’est que bon nombre des enfants que je connais qui sont aux prises avec un TDAH (et autres désordre s’y associant) vivent également avec l’hypersensibilité.

On croit ces enfants mal élevés lorsqu’ils demandent pour la cent millième fois à retourner à la maison lorsqu’ils sont en sortie, on les croit capricieux lorsqu’ils préfèrent jouer à l’écart parce qu’il y a « trop de monde », on croit aussi que les parents sont trop permissifs lorsqu’ils acquiescent aux demandes de leur enfant et tout cela, parce qu’on ne comprend pas.

Tout le monde vit à un moment ou un autre, un épisode d’hypersensibilité où toute raison disparaît et où tout simplement, plus rien ne fait. Pour moi, c’est dans la voiture la matin lorsque tout le monde me parle en même temps et que la radio me crie les infos traffic. Ma phrase chouchou : Hey maman a deux oreilles mais qu’un seul cerveau, je ne peux pas vous entendre tous à la fois. Mais moi, j’ai 36 ans, je suis capable d’exprimer mes sentiments, mes sensations. Mon fils de 8 ans, non. 

Alors si vous le voyez se boucher les oreilles lors d’un spectacle, c’est normal, si vous le voyez reculer quand on veut lui faire un bisou, ne courrez pas au téléphone le plus près téléphoner à la DPJ, si vous l’entendez pleurer lorsqu’il s’habille parce que son chandail lui gratte la peau, passez votre chemin et laissez-nous gérer tout ça. 

© 2014 Stephanie Powers. Pour obtenir la permission de citer, copier ou reproduire, envoyer un courriel à stephanie.powers@live.ca (vous pouvez toujours partager les liens de mes textes via les médias sociaux ou via courriel)